Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/123

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133. Loin de travailler à leur bien-être commun, ce qui est le principe du bonheur dans ce monde et dans l’autre, les hommes ne cherchent qu’à se nuire et expient cet égarement par de terribles souffrances.

134. Toutes les catastrophes, toutes les douleurs, tous les périls du monde viennent de l’attachement au moi : pourquoi m’y tenir ?

135. Si on ne dépouille pas le moi, on ne peut échapper à la douleur, de même que si on ne s’écarte pas du feu, on ne peut échapper à la brûlure.

136. Donc, pour apaiser ma douleur et celle d’autrui, je me donne aux autres et j’adopte les autres à titre de « moi ».

137. J’appartiens à autrui ! Telle doit être ta conviction, ô mon cœur. L’intérêt de tous les êtres doit être désormais ta seule pensée.

138. Il ne sied pas que ces yeux, qui sont à d’autres, voient dans mon intérêt ; il ne sied pas que ces mains, qui appartiennent à autrui, se meuvent dans mon intérêt.

139. Uniquement préoccupé du bien des créatures, tout ce que tu vois d’utile dans ton corps, tu dois le lui enlever pour le mettre au service d’autrui.

140. Considérant les humbles comme toi-même et toi-même comme autrui, tu peux cultiver sans scrupule l’envie et l’orgueil.