Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/63

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péché, apaisé, appliqué à satisfaire les autres ; jamais excédé par les désirs contradictoires des insensés, mais au contraire compatissant envers eux, dans la pensée que c’est là l’effet des passions ; toujours soumis à moi-même et aux autres en toutes choses permises ; sans intérêt personnel, comme une création magique : tel je garderai mon esprit.

58. Me rappelant sans cesse le moment unique obtenu après un si long temps, je garderai mon esprit immuable comme le Sumeru.

59. Traîné çà et là par les vautours avides de chair, pourquoi le corps inanimé ne fait-il aucune résistance ?

60. Pourquoi, ô mon cœur, veiller sur cet amas, le prenant pour ton moi ? S’il est distinct de toi, que t’importe sa disparition ?

61. Insensé ! tu ne prends pas pour ton moi une poupée de bois, qui est propre ; pourquoi veiller sur une machine composée d’éléments impurs et destinée à la pourriture ?

62-63. Enlève d’abord par la pensée cette enveloppe de peau ; puis, avec le couteau de l’intuition, sépare la chair de son armature d’os ; romps les os eux-mêmes, regarde la moelle qui est à l’intérieur et demande-toi ce qu’il y a là-dedans d’essentiel.

64. En regardant avec le plus grand soin, tu ne