Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/149

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dresse, son glorieux père, puis il répondit : « Ô roi ! pense à l’instabilité de la vie, qui doit passer sur nous comme le vent. Pourquoi l’homme de sens s’affligerait-il ? Le temps fanera la joue de rose et obscurcira l’œil de l’âme brillante. Au commencement la vie est un trésor, à sa fin est la peine, et puis il faut quitter cette demeure passagère. Puisque notre lit sera la terre et que notre couche sera une brique, pourquoi planter aujourd’hui un arbre dont la racine se nourrirait de sang, dont le fruit serait la vengeance, quel que soit le temps qui s’écoulerait sur lui ? Le monde a vu beaucoup de maîtres du trône, du sceau et de l’épée, tels que nous, et en verra beaucoup après nous, mais la vengeance n’était pas dans les mœurs des rois qui nous ont précédés sur le trône. Puisque le roi sera mon modèle, je ne passerai pas ma vie à faire du mal. La couronne, le trône et le diadème ne m’importent pas ; j’irai au-devant de mes frères, sans armée, et leur dirai : « Ô mes frères illustres, qui m’êtes chers comme mon corps et mon âme ! ne me prenez pas en haine, ne méditez pas vengeance contre moi : la haine ne convient pas aux croyants. Ne mettez pas votre espoir dans ce monde, voyez quel mal il a fait à Djemschid, qui fut à la fin obligé de sortir du monde, et ni le trône, ni la couronne, ni la ceinture ne lui restèrent. De même, vous et moi, nous devrons à la fin éprouver le