Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/188

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son cœur voit le secret des autres. Que ma profession et la tienne soient l’obéissance à Dieu, et que nous y joignions la réflexion ! Il faut nous consulter entre nous sur tout ce qu’il y aura à faire dans le bonheur et dans le malheur. »

Le commandant et Karen, avides de combats, examinèrent tous les remparts, l’un formant des plans de trahison, l’autre simple de cœur ; pendant que le chef de l’armée d’Iran était prêt à toute entreprise, le commandant posa sur l’étranger le sceau de l’intimité, et livra follement sa tête et sa ville au vent. Voici ce que dit là-dessus à son petit un léopard courageux : « O mon petit, plein de bravoure et prompt de la griffe ! ne te jette pas étourdiment dans une affaire difficile ; considère-la et pèse-la de tous côtés. Si douces que soient les paroles d’un étranger, si candide qu’il paraisse au temps de la guerre et des combats, sois attentif, méfie-toi d’une surprise, et en toute chose regarde le fond. Rappelle-toi comment un chef plein de sagesse a manqué de précaution dans une affaire délicate, n’a pas pensé aux ruses de l’ennemi et a livré ainsi au vent sa forteresse. » Quand la nuit fut plus avancée, Karen, avide de combats, éleva un drapeau semblable au disque de la lune. Il poussa un cri, et donna le signal à Schiroui et à ses braves. Schiroui, voyant l’étendard royal, s’avança vers le Pehlewan ; il s’empara de la porte de la forteresse