Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/200

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sombrie par l’œuvre de ces trois fils qui faisaient les délices et les tourments de mon cœur, et qui ont péri misérablement devant moi par la vengeance, comme le désiraient mes ennemis. C’est ainsi que les mauvais penchants et les crimes attirent le malheur sur la jeunesse. Ils n’ont pas voulu obéir à mes ordres, et alors le monde est devenu noir pour ces trois enfants. » Il resta ainsi, le cœur plein de sang, les deux joues baignées de larmes, jusqu’à ce que sa vie s’éteignît. Il mourut, mais son nom restera ; et quoiqu’un si long temps ait passé sur lui, sa bonne renommée lui est demeurée tout entière, ô mon fils, car il a tiré profit du malheur.

Minoutchehr se mit sur la tête la couronne des Keïanides, et ceignit ses reins d’une ceinture couleur de sang. Il fit construire selon la coutume des rois un tombeau, partie en or rouge, partie en lapis-lazuli. On y plaça un trône d’ivoire, et au-dessus du trône on suspendit une couronne. Puis les grands allèrent prendre congé de Feridoun, comme l’exigent la coutume et la loi. Ensuite ils fermèrent sur le roi la porte du tombeau ; cet homme d’une âme si noble sortit du monde accablé de tristesse. Minoutchehr resta sept jours plongé dans sa douleur, les yeux pleins de larmes et les joues pâles. Il resta une semaine dans son angoisse, et la ville et les bazars partageaient son deuil.