Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/277

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armée immense couvrant tout l’espace de montagne en montagne, de sorte que le jour brillant disparut sous la poussière. Ils s’avancèrent vers moi avides de combats, ils vinrent en confusion et en toute hâte. La peur se manifesta dans mon armée, et je ne savais comment y remédier. Je reconnus alors que tout reposait sur moi, et je poussais des cris contre l’armée des ennemis. J’élevais cette massue du poids de cent mans, je lançais mon cheval de fer. J’allais broyant leurs cervelles et étourdissant leurs têtes par la peur que je leur inspirais. Un petit-fils du terrible Selm, qui avait été le maître du monde, vint à moi semblable à un loup. Cet ambitieux s’appelait Karkoui, c’était un haut cyprès de bel aspect. Il descendait par sa mère de la race de Zohak, et les têtes des braves étaient devant lui comme de la poussière. Son armée était nombreuse comme les fourmis et les sauterelles, et l’on ne distinguait plus ni plaine, ni montagne, ni marais. Lorsque la poussière de cette grande armée s’éleva, les joues de nos braves pâlirent. Je saisis ma massue qui tue d’un seul coup, et je devançai mon armée. Je poussai des cris du haut de mon cheval, de sorte que la terre leur paraissait tourner comme un moulin ; mon armée reprit courage, et tous ne pensèrent plus qu’au combat. Karkoui, entendant ma voix et les coups de ma massue qui jouait