Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/288

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ne donne qu’un coup, ils versèrent sur moi des joyaux. Lorsque je revins, mon corps brillant était dépouillé de sa fameuse cuirasse, les caparaçons s’étaient fondus sur mon cheval, et le venin du dragon me rendit malade pendant longtemps. Depuis beaucoup d’années il n’y avait pas eu de fruits dans ces pays, et l’Occident n’était couvert que de ronces brûlées. Si je voulais te parler encore de la guerre contre les Divs, cette lettre deviendrait trop longue. Dans tout ce que j’ai entrepris, j’ai toujours placé sous mes pieds les têtes des grands ; et partout où j’ai fait bondir mon cheval aux pieds de vent, les lions féroces ont quitté le pays. Depuis beaucoup d’années la selle est mon trône, et le dos de mon cheval ma demeure. Je t’ai soumis avec ma lourde massue le pays des Kerguesars et le Mazenderan. Je n’ai jamais demandé pour moi des provinces, je n’ai désiré que de te voir heureux et victorieux. Mais maintenant mon bras que je tenais haut, et la massue avec laquelle je frappais, ne sont plus ce qu’ils étaient, et ma poitrine et mes reins se courbent. Je lançais un lacet de soixante coudées, mais le temps m’a ployé vers la terre. A présent, j’ai transmis le pouvoir à Zal qui est digne de la ceinture et de la masse d’armes. Comme moi, il détruira tes ennemis, et ses prouesses rendront ton cœur joyeux. Mais il nourrit en secret un désir qu’il ira soumettre