Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/87

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guste. Il n’est pas encore sorti du sein de sa mère, et le temps de craindre et de soupirer n’est pas encore venu. Étant né d’une mère pleine de vertu, il croîtra comme un arbre qui doit porter fruit : et quand il sera devenu un homme, sa tête touchera à la lune, puis il demandera la ceinture et la couronne, et le trône et le diadème. Sa taille sera comme un haut cyprès, il portera sur son épaule une massue d’acier. Il te frappera de sa massue à tête de bœuf, et te traînera en chaînes hors de ton palais. » Zohak l’impur lui demanda : « Pourquoi me liera-t-il ? Quelle raison a-t-il de me haïr ? » Le Mobed courageux lui dit : « Si tu étais sage, tu saurais qu’on ne fait pas du mal sans raison ; son père mourra de ta main, et cette douleur remplira son cœur de haine pour toi. Il se trouvera une vache d’une grande beauté qui servira de nourrice à ce futur maître du monde. Elle aussi sera tuée de ta main, et c’est pour la venger qu’il prendra la massue à tête de bœuf. » Zohak l’entendit, il prêta l’oreille à ses paroles, puis tomba du trône et s’évanouit. L’illustre Mobed s’éloigna du puissant trône, craignant quelque malheur. Lorsque le roi eut repris ses sens, il remonta sur le trône royal, et fit chercher dans le monde entier des traces de Feridoun, en public et en secret ; il n’avait ni repos, ni sommeil, ni faim, et le jour brillant était devenu sombre pour lui.