Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/112

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Mais dans toutes les races humaines et dans tous les temps n’a-t-on pas vu souvent de semblables exemples ? Les ilotes de Lacedémone ne se montraient-ils pas insensibles aux maltraitements du cruel Spartiate ? Oubliera- t-on jamais le courage sublime mais féroce de Popée, se poignardant héroïquement et disant froidement à son mari : Pœte, non dolet ? Les paroles de Guatimouzin, restées célèbres dans les drames de l’histoire, sont encore une preuve saisissante que ceux qui se taisent au milieu des tortures corporelles, ne souffrent pas moins intérieurement. Le noir à qui l’on demanderait s’il est insensible aux aiguillons de la douleur, tandis qu’on lui inflige la plus cruelle épreuve, répondrait lui aussi : « Et suis-je sur un lit de roses ? »

Pour ce qui s’agit du fanatisme, on sait avec quelle insensibilité apparente les premiers chrétiens subissaient le martyre. Il est vrai que la plupart devaient être sous l’influence d’une sorte d’analgésie, causée par la surexcitation nerveuse qu’inspire le fanatisme religieux et qu’on peut assimiler à un cas d’hystérie. Durant les hauts faits de l’inquisition où les chrétiens, devenus les maîtres et plus intolérants que les anciens païens, martyrisaient à leur tour ceux qui voulaient s’écarter de l’orthodoxie, des cas absolument semblables se produisirent. Mais alors, on prenait ces hommes, convaincus ou surexcités par leurs croyances, pour d’infâmes sorciers. Nicolas Eméric dit positivement qu’ils usaient de maléfices ; car ils paraissaient insensibles au milieu des épreuves infernales qui accompagnaient les questions. « Alicui sunt maleficiati et in questionibus maleficiis utuntur…, efficiuntur enim quasi insensibiles[1].

  1. Nicolas Emeric, Directoire d’inquisition, cité par Salverte dans son traité : Des sciences occultes.