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préface.

que le mouvement graduel et harmonique s’effectue spontanément, en raison même de l’élasticité propre à tout organisme social. C’est encore à la liberté que tout peuple jeune et vigoureux doit faire appel comme principe de salut. Toutes les lois naturelles et sociologiques s’unissent pour proclamer cette vérité.

En Haïti comme ailleurs, il faut à la race noire la liberté, une liberté réelle, effective, civile et politique, pour qu’elle s’épanouisse et progresse. Si l’esclavage lui fait horreur, horrible aussi doit lui paraître le despotisme. Car le despotisme n’est rien autre chose qu’un esclavage moral : il laisse la liberté du mouvement aux pieds et aux mains ; mais il enchaîne et garotte l’âme humaine, en étouffant la pensée. Or, il est indispensable qu’on se rappelle que c’est l’âme, c’est-à-dire la force de l’intelligence et de l’esprit qui opère intérieurement la transformation, la rédemption et le relèvement de toutes les races, sous l’impulsion de la volonté libre, éclairée, dégagée de toute contrainte tyrannique !

Depuis M de Gobineau, aveuglé par la passion, jusqu’à M. Bonneau, si souvent impartial, on a trop répété que « l’homme noir ne comprend pas l’idée du gouvernement sans le despotisme » ; on s’est trop appuyé sur cette opinion, — corroborée par de malheureux exemples, — pour déclarer que l’infériorité morale de l’Éthiopien l’empêche de s’élever à la conception précise du respect que l’on doit à la personnalité humaine, respect sans lequel