la liberté individuelle n’est plus une chose sacrée.
Je souhaite pour ma race, en quelque lieu de l’univers ou elle vive et se gouverne, qu’elle rompe avec les usages arbitraires, avec le mépris systématique des lois et de la liberté, avec le dédain des formes légales et de la justice distributive. Ces choses sont souverainement respectables, parce qu’elles forment le couronnement pratique de l’édifice moral que la civilisation moderne élève laborieusement et glorieusement sur les ruines accumulées des idées du moyen âge.
C’est surtout d’Haïti que doit partir l’exemple. Les Noirs haïtiens n’ont-ils pas déjà fait preuve de la plus belle intelligence et de la plus brillante énergie ? Ils se pénétreront bientôt, hommes d’État ou écrivains, jeunes ou vieux, que la régénération du sang africain ne sera complète que lorsqu’on sera aussi respectueux de la liberté et des droits d’autrui que jaloux de sa propre liberté et de ses propres droits. Car de là sortira pour l’Éthiopien cette auréole qui embellit notre front et le transfigure, la splendeur de la dignité morale, seule noblesse naturelle qui relève et égalise tous les hommes et toutes les races.
Digne et fière, intelligente et laborieuse, qu’elle grandisse donc, prospère et monte sans cesse, de progrès en progrès, cette race noire si pleine de sève et de généreuse vitalité ! Pour l’aider dans son ascension, il n’y aura jamais trop d’ouvriers ni trop de dévouement. Aussi est-ce religieusement que je