Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/186

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ce qui étonne tout d’abord et attire invinciblement l’attention, ce n’est ni les traits du visage, ni les particularités de la chevelure, c’est plutôt la couleur de la peau.

Qu’on glisse un noir Australien parmi les populations noires et aux cheveux crépus de l’Afrique, ou dans les mornes d’Haïti, la majorité de ceux qui passeront a quelques pas de lui, s’occuperont bien peu de ses cheveux longs et droits et encore moins du prognathisme plus ou moins accentué de son visage. Mais qu’il se présente un albinos de la Nigritie ayant comme eux les mêmes formes du visage et la même chevelure laineuse, privé seulement de la coloration pigmentaire à laquelle ils sont habitués ; celui-ci fera une vive impression sur tous ceux qui l’auront vu. Il faudra une longue expérience des cas d’albinisme et l’instruction d’un anthropologiste, d’un médecin ou d’un naturaliste, pour qu’on ne voie pas un blanc et rien qu’un blanc en ce noir métamorphosé.

D’autre part, que l’on introduise parmi les campagnards Français ou Allemands le plus beau spécimen de la race dravidienne, un Tova aux grands yeux noirs, à la chevelure longue et soyeuse, aux traits les plus réguliers. Cet individu excitera le plus grand émoi autour de lui. Mais si le même albinos de race éthiopique a le soin de se bien raser la tête, il passera inaperçu ; et même avec ses cheveux crépus, mais blondelets, il sera plutôt l’objet d’une douce curiosité, sans jamais causer cette sotte frayeur que tous les noirs qui voyagent inspirent aux Européens de province, encore incomplètement civilisés.

Nous croyons devoir adopter la classification ethnologique basée sur la couleur de la peau, pour une seconde raison. Non-seulement elle est plus apparente et prête moins à l’équivoque, mais elle offre encore le caractère le plus constant dans chaque race. Les Français du XIXe siècle ne ressemblent pas exactement aux Fran-