Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/215

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puissance par l’ébranlement du mens divinior ! Aussi la grammaire d’une langue a-t-elle une importance autrement sérieuse que sa morphologie lexicographique.

Cependant, pour étudier la ressemblance qu’il peut y avoir entre diverses langues, ce ne sont pas les détails grammaticaux tels que la théorie des racines pronominales, les règles de la permutation littérale, les altérations phonétiques, etc., qui doivent attirer l’attention. C’est plutôt la logique de la phrase. « Nous ne pensons pas au moyen des mots, mais au moyen des phrases, dit Waitz ; aussi pouvons-nous affirmer qu’une langue vivante consiste en phrases et non en mots. Mais une phrase n’est pas formée de simples mots indépendants. Elle consiste en mots qui se rapportent les uns aux autres d’une façon particulière, de même que la pensée qui leur correspond ne consiste pas en idées indépendantes, mais en idées si bien liées qu’elles forment un tout et se déterminent mutuellement les unes les autres[1]. »

« C’est par la conception de la phrase que les langues se ressembleront ou différeront, dit encore Sayce[2]. »

Eh bien, si l’on veut étudier à ce point de vue les principales langues de l’Europe, que de dissemblances ne trouvera-t-on pas entre les idiomes des peuples que les anthropologistes ont continuellement, et sans doute à juste titre, considérés comme appartenant à un seul groupe ethnique ! Quand on examine la phraséologie de la langue allemande avec ses règles de construction si différentes du français, on est tenté d’admettre que, pour la logique de la phrase il y a peut-être plus de distance entre ces deux langues, toutes les deux infléchies, qu’entre la première et le turc, qui est pourtant une langue agglutinative. Prenons, par

  1. Théod. Waitz, loco citato, p. 246.
  2. A. H. Sayce, loco citato, p. 107.