Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/235

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ralité ne serait qu’une qualité négative. Le simple bon sens, qui est la forme élémentaire et pratique de l’intelligence, en ferait beaucoup mieux l’affaire.

On ne peut disconvenir qu’un haut développement moral ne soit une force respectable, puisqu’il concourt à raffermir la volonté et donne à l’homme cette faculté de la résistance qui est la manifestation la plus éloquente et la plus élevée de la vertu. Par elle, on trouve le secret de dominer les hommes et les choses, de braver même la douleur et la mort, dans la pratique d’un stoïcisme transcendant. Mais dans toutes les races comme dans tous les siècles, ceux qui pourront s’élever à ce degré de moralité seront toujours de nobles mais rares exceptions. On ne saurait logiquement prendre pour exemple ces natures d’élite qui, à force de contempler l’idéal du vrai et du bien, se sont insensiblement écartés de la règle commune.

Les mêmes réflexions s’appliquent à la beauté. Il faut bien convenir qu’elle accorde à celui qui la possède un avantage positif dans la grande lutte pour l’existence, aux époques où fleurit déjà la civilisation, quand les sentiments ont enfin acquis cette culture supérieure par laquelle la nature affinée de l’homme s’extasie devant les formes délicates et gracieuses et rend un culte muet à la troublante déesse. Mais ce prestige mystérieux n’exerce jamais sur l’homme un tel empire, que l’on puisse le compter comme un facteur sérieux dans les causes supposables de la supériorité ou de l’infériorité des races. Si donc, je venais à envisager les comparaisons qu’on a essayé d’établir ou qu’il serait possible d’établir entre les différentes races humaines, soit au point de vue de la moralité, soit à celui de la beauté, ce ne sera nullement pour en tirer un argument indispensable à la thèse de l’égalité des races. Ce sera plutôt dans le but de constater des faits qui prouvent l’aptitude semblable de tous les groupes humains à ma-