Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/246

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mettre encore plus en relief l’absence de cette histoire intellectuelle qui se traduit par un mouvement général progressif, par les monuments littéraires, artistiques, architecturaux. Livrée à elle-même la race nègre n’a rien produit dans ce genre. Les peuples de couleur noire qu’on a voulu lui rattacher, pour déguiser cette infériorité par trop manifeste, ne tiennent à elle tout au plus que par des croisements ou domine le sang supérieur. »

Voilà des paroles bien tranchantes, en vérité. L’opinion du savant professeur du Muséum de Paris est claire, précise et expresse sur cette question de la hiérarchie des races humaines. Cela suffit-il, cependant ? J’accepterais volontiers que M. Renan — ou bien M. de Gobineau, qui ne se doutait de rien, — parlât ainsi, ore rotundo, croyant que l’artifice d’une période bien tournée suffit pour consacrer des suggestions arbitraires et changer une pensée orgueilleuse en vérité indiscutable. Mais quand la parole est donnée à un naturaliste entouré de tout le prestige et de tout l’éclat que procurent la conquête successive de toutes les palmes universitaires et l’autorité incontestable du talent toujours égal à lui-même, il n’en saurait être ainsi. M. de Quatrefages a eu tous les genres de succès de la chaire professorale et tout le rayonnement de la gloire qu’attire sur l’écrivain l’union des formes élégantes avec la profondeur du savoir. Néanmoins, ce qu’on a droit de rechercher en lui, c’est plutôt le savant, non un savant quelconque, mais le savant naturaliste, le savant anthropologiste. Or, le fait qu’il avance pour réfuter ceux qui font profession de croire que le Noir est égal au Blanc, n’est pas une réponse scientifique, c’est un pur jeu de rhétorique que nous pourrions réduire à sa juste valeur, en lui posant une simple question. Depuis combien de temps les blancs Européens possèdent-ils cette histoire intellectuelle dont parle M. de Quatrefages, en faisant semblant