Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/256

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savants au front blême ne s’occupent pas des philosophes au front rayonnant ; ils ont cherché et ils cherchent toujours dans le silence, alors même qu’ils ne disent mot. Pourtant, on peut le répéter, nous restons en face du cerveau comme en face du sphinx.

Il faut sans doute proclamer bien haut le mérite transcendant de quelques découvertes que le siècle a eu la gloire de réaliser dans l’étude fonctionnelle du cerveau. Broca et Claude Bernard ont remporté des palmes bien dignes d’exciter l’orgueil de lhumanité. La doctrine des localisations cérébrales, que Flourens avait si ardemment combattue, a reçu par leurs travaux une confirmation évidente. Mais est-elle tout à fait victorieuse ? Est-elle reçue par toutes les autorités scientifiques, comme une vérité incontestable ? Assurément non. Et quels sont ceux qui en doutent encore ? C’est, entre autres, un des physiologistes les plus compétents, un vétéran de la science française.

Voici comment s’exprimait le professeur Vulpian, tout dernièrement à la Faculté de Médecine de Paris. « Pour moi, dit-il, jusqu’à présent, la vérité de cette doctrine n’est pas rigoureusement démontrée[1]. » En réalité, ce qu’on sait pèse si peu à côté de ce qu’on ignore, que l’on deviendrait bien humble si on voulait un seul instant y réfléchir. De tous ces vastes départements que présente la construction du cerveau, on n’a touché que le seuil. On voit, on sent plutôt confusément combien vastes, combien ornés en sont les compartiments, mais ils paraissent comme dans un milieu obscur et lointain.

Apparet domus intus et atria longa patescunt.

Plus de trente ans après Huschke, la science n’ose ga-

  1. Vulpian, Les localisations cérébrales in Revue scientifique, no 15, 11 avril 1885.