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de l’égalité

fisante pour qu’elle fût nettement distinguée des autres connaissances humaines. Aussi est-ce intentionnellement que Kant avait adopté la rubrique sous laquelle il exposa ses idées sur la morale pratique ! Non-seulement il avait donné au mot anthropologie une signification et une définition autres que celles que les savants y ont attachées ; mais en outre il contesta la propriété de ce terme adapté aux études naturelles de l’homme. « Pour ce qui est, dit-il, des simples crânes et de leur forme, qui est la base de leur figure, par exemple du crane des nègres, de celui des Kalmoucs, de celui des Indiens de la mer du Sud, etc., tels que Camper et surtout Blumenbach les ont décrits, ils sont plutôt l’objet de la géographie physique que de l’anthropologie pratique[1]. »

Hegel qui ne fait que présenter les idées du maître sous une forme nouvelle, passe légèrement sur la question des races humaines, en s’arrêtant pour le fond à l’opinion de Kant. « La différence des races, dit-il, est encore une différence naturelle, c’est·à-dire une différence qui se rapporte à l’âme naturelle. Comme telle, celle-ci est en rapport avec les différences géographiques de la contrée où les hommes se réunissent en grandes masses[2]. »

Mais d’autre part, les savants, sans s’inquiéter des opinions du grand philosophe, continuèrent à travailler dans leurs sphères et, avec Blumenbach, persistèrent à considérer le mot anthropologie comme synonyme d’histoire naturelle de l’homme. Cette acception une fois reçue et consacrée, les naturalistes réclamèrent, comme on devait bien s’y attendre, le privilège exclusif de s’occuper de la science anthropologique de préférence à tous les autres savants qui n’y travailleraient qu’à titre de simple tolé-

  1. Kant, Anthropologie (traduct. de M. Tissot).
  2. Hegel, Philosophie de l’esprit (traduct. du Dr Vera).