Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/272

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qu’Euclide, Archimède, Appollonius de Perga, autant d’éclatantes étoiles qui brillaient dans la pléïade alexandrine. Maintenant que l’esprit humain entre dans une période de maturité qui se signale par une critique absolument consciencieuse, ne pourrait-on pas se demander si des savants ignorés de l’ancienne race égyptienne n’auraient pas contribué aux premières étincelles que les sciences ont jetées dans la ville immortelle fondée par Alexandre le Grand ? Mais qu’on réponde affirmativement ou non, il ne reste pas moins acquis à l’histoire que la race noire d’Égypte a cultivé la première les notions abstraites de l’arithmétique et formulé les premiers calculs dont le perfectionnement successif a abouti aux grandes théories des temps modernes, ou brillent les noms de Descartes, de Newton, de Pascal, de Leibniz, d’Euler, de Bernouilli, de Gauss et d’une foule d’autres savants tout aussi remarquables.

Nous avons dit que Platon contribua principalement à faire considérer les mathématiques comme une science incomparable. En effet, le chef de l’Académie mettait un tel prix à la science des nombres et de l’étendue, qu’il la regardait comme le signe le plus évident et la meilleure preuve d’un esprit cultivé et distingué. On assure que dans un mouvement d’enthousiasme, il avait même inscrit à la porte de son école : « Que nul n’entre chez moi, s’il n’est géomètre.[1] » Poussant l’idée pythagoricienne jusqu’à la hauteur d’un dogme, il professait que la musique, la géométrie et l’astronomie étaient « les anses de la philosophie » (λαϐάς φιλοσόφιας) ; enfin il ne croyait pouvoir mieux définir Dieu qu’en le nommant « le géomètre éternel »[2].

Quand on sait l’influence que les idées de Platon ont

  1. Μηδείς ἁγεωμέτρητος εἰσίτω μοῦ τὴν στεχην. (C. f. Jean Tzetzès, Chiliades, VIII).
  2. Αει ὁ θεός γεωμετρει. Platon, Timée.