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Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/273

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exercée sur l’esprit humain, dans tout le groupe occidental, on s’explique bien vite l’espèce de culte qu’on professe encore pour les mathématiques. Mais notre siècle a suffisamment éclairci de problèmes pour que nous ne persistions pas à marcher comme des aveugles dans les errements du passé.

En parlant de Platon, on ne peut jamais oublier Aristote. Ce qui prouve que les mathématiques n’ont point, eu égard à la hiérarchie des connaissances humaines, toute l’importance qu’on s’est accoutumé à leur donner ; ce qui prouve qu’elles ne sont point le signe exclusif de grandes facultés intellectuelles, c’est que le grand Stagirite, l’intelligence la plus vive et la mieux organisée qu’on puisse jamais rencontrer, n’a jamais pu devenir un bon mathématicien. Pour moi, je comprends bien vite qu’un cerveau d’une activité aussi féconde que celle d’Aristote se soit ennuyé des formules qui emprisonnent l’esprit et le mettent à l’étroit, dans la discipline intellectuelle si nécessaire à un bon mathématicien. Aussi bien cet exemple suffit pour réduire à sa juste valeur une proposition que l’on répète depuis si longtemps, sans qu’on ait jamais pensé à la contrôler par un examen sérieux.

Est-ce à dire que les mathématiques n’ont aucun mérite, ni aucune valeur dans la sphère scientifique ? Bien fou et absurde serait quiconque avancerait une telle assertion. Je crois tellement le contraire que, me conformant en cela aux idées de l’illustre Comte, je considère ces études comme indispensables à la préparation de l’esprit destiné à des exercices plus difficiles, plus complexes. Ce que j’affirme, c’est qu’on ne saurait continuer à faire des mathématiques le summum des connaissances humaines, sans se condamner à ne jamais s’affranchir de l’influence des doctrines métaphysiques qui ont trop longtemps subjugué l’esprit humain, depuis Platon jusqu’à Hégel.