Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/293

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que, par une immoralité révoltante, ceux qui ont eu un intérêt positif à l’asservissement de toute une fraction de l’humanité, ont toujours défiguré le Nigritien dans leurs descriptions fantaisistes. Ils n’ont voulu que prouver par cette prétendue absence de toute ressemblance physique entre les deux types, la non existence d’obligation morale et de solidarité entre les asservis et leurs dominateurs.

Tous les ethnographes le savent bien : dans la race noire il ne se rencontre pas si souvent de ces visages d’une horrible laideur dont on dépeint les traits repoussants avec tant de complaisante fantaisie ; pas plus que la race blanche n’offre constamment des modèles qui se rapprochent beaucoup de l’Apollon du Belvédère ou de la Vénus de Milo. Mais comme par une consigne, vous n’ouvrirez jamais un ouvrage d’ethnographie ou un dictionnaire de sciences, sans qu’il vous tombe sous les yeux des descriptions pareilles à celle que j’ai citée de Broca. Qu’on aille au Muséum de Paris, c’est le même fait qui frappe la vue. Dans la galerie d’anthropologie, les compartiments réservés à l’Afrique ne donnent, comme modèles du type éthiopien, que de vraies caricatures du visage humain.

Rien de plus agaçant que ce parti pris qui se décore du nom pompeux de science ! Je ne nie pas que ces figures aux formes bestiales ne puissent se rencontrer souvent dans la race nigritienne encore inculte ; mais pourquoi les figures repoussantes qu’on rencontre souvent parmi les populations caucasiennes ne sont-elles jamais mises en liste ? Elles constituent, sans nul doute, des exceptions cent[illisible] fois plus rares que dans le groupe africain ; n’existent-elles pas, cependant ? C’est donc rendre la science complice du mensonge que de choisir pour caractériser les races humaines, les laideurs exagérées des unes et la beauté exceptionnelle des autres. Mais la vérité est comme la lumière. On a beau la cacher aussi longtemps qu’il est permis à l’intel-