Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/294

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ligence humaine de concevoir, elle brille encore dans le réduit où on la relègue : il suffit du moindre jour pour qu’elle luise rayonnante aux yeux de tous et oblige les plus rebelles à se courber sous ses lois. C’est à cette puissance, à cette intransigeance de la vérité que la science doit tout son prestige. Les savants peuvent lutter un certain temps et résister à son influence ; mais c’est toujours au détriment de leur gloire qui tombe vermoulue quand, sous l’aiguillon du progrès, l’esprit humain s’agite et déchire le voile à l’aide duquel ils ont vainement tenté de lui cacher la réalité.

C’est ainsi qu’il arrive infailliblement une époque où la plus grande accusation contre certains savants surgit de la science même qu’ils ont le plus constamment cultivée, toutes les fois qu’ils se sont inspirés par l’esprit de système et les suggestions arbitraires qui ne sont propres qu’à obscurcir la vérité. Pour l’anthropologie, nous entrons actuellement dans cette période critique. Toutes les assertions téméraires que les anthropologistes ont cru pouvoir ériger en lois scientifiques sont chaque jour démenties par l’évidence des faits. Témoin le cas qui nous intéresse actuellement. Pour répondre aux descriptions fantaisistes de Broca, de M. de Gobineau ou de M. Hovelacque, je ne puis mieux faire que de citer les propres paroles de l’illustre géographe Élisée Reclus.

« Les nègres, dit-il, sont loin d’offrir en majorité cette peau noire et luisante, ces bouches lippues, ces mâchoires avancées, ces figures plates, ces nez écrasés à larges narines, cette laine crépue que l’on s’imagine ordinairement être le partage de tous les Africains… Les nègres qui ressemblent le plus au type traditionnel popularisé sur le théâtre, sont les riverains de l’Atlantique : nulle part la traite n’a fait plus de ravage que parmi leurs tribus, et la haine du maître, c’est-à-dire du blanc pour son esclave, a