Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/344

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de s’attacher, comme tant d’autres jeunes hommes, aux succès scolaires où l’amour des diplômes fait veiller constamment sur la forme et la lettre, en négligeant souvent le fond des choses, M. Edmond Paul ne s’occupa que des études sérieuses, spéciales, propres à éclairer et mûrir son esprit. Luttant contre toutes les difficultés avec une volonté inflexible, il parvint de bonne heure à se pénétrer parfaitement de toutes les questions les plus intéressantes · pour un peuple qui a besoin de se développer.

C’est ainsi qu’à peine âgé de vingt-quatre ans, il publiait déjà, à Paris, des ouvrages[1] dont le but est infiniment élevé. Ce sont malheureusement des études économiques et sociales dont la plus légère analyse serait déplacée dans un ouvrage de la nature de celui-ci. D’ailleurs on pourra en avoir une idée par quelques citations que nous aurons occasion de faire.

Dès sa première publication, il avait pris position. Il est peut-être le premier Haïtien de sa nuance qui ait compris qu’on ne peut l’estimer ou l’apprécier sincèrement, quand on croit à l’infériorité native de la race noire ; au moins est-il le premier qui ait eu le courage de déclarer que ce qu’il cherche avant tout, c’est le moyen d’aider les Noirs d’Haïti à prouver au monde entier les hautes qualités dont ils sont doués à l’égal de toutes les autres races humaines ! Par ce côté, la personnalité de M. Paul a pour nous un intérêt spécial et saisissant. Dans une discussion aussi savante que délicate, à propos d’un article fameux de la Constitution haïtienne, lequel prohibe le droit de propriété territoriale aux étrangers, le consciencieux publiciste écrivit ces remarquables paroles que je détache de tant d’autres tout aussi excellentes : « Le génie nègre déchu, le

  1. L’éducation industrielle du peuple. — Questions politico-économiques. Paris, Guillaumin, 1862-1863.