Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/348

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mornes ne soit pas tellement écrasé par le poids de l’impôt qu’il devienne impuissant à améliorer son existence matérielle et à effectuer l’évolution morale qui doit le transformer.

M. Paul a, de plus, édité à Kingston un dernier ouvrage intitulé : La cause de nos malheurs. C’est une œuvre purement politique et par conséquent systématique. Il n’est donc pas nécessaire de s’y arrêter.

En dehors des titres que donne la production de tant d’ouvrages écrits avec une telle hauteur de vue et de logique, il faut encore ajouter que notre illustre compatriote est un journaliste consommé, le parlementaire le plus correct que nous ayons eu en Haïti ; il ne prend la parole, dans les grandes circonstances, que pour enlever une situation. Ce n’est pas un orateur disert ; mais son éloquence grave et sévère, ayant parfois trop de solennité, s’impose tout de même et produit infailliblement son effet dans une espèce de sursum corda !

Que l’on conteste à M. Edmond Paul le mérite d’un beau style, en notant dans ses écrits des corrections de forme qui lui échappent parfois, au grand détriment de l’élégance et d’une bonne phraséologie, il n’est pas moins incontestable que ses pensées et ses conceptions sont larges, conséquentes, élevées, hautement adaptées au besoin d’évolution morale et intellectuelle de la race noire d’Haïti.

Pour moi, en faisant abstraction expresse de la politique pratique, dont les préoccupations m’écarteraient positivement du but auquel tend ce livre, j’avoue que je n’ai jamais vu cet homme sans éprouver une certaine émotion ; car j’ai une pleine conscience de l’influence que ses écrits ont exercée sur mon intelligence et de la grande part qu’ils ont eue dans le développement de mon esprit.

Partout donc, dans toutes les carrières, contrairement à ce que laisserait supposer les chiffres de M. Sandifort