Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/354

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imaginant des œuvres gigantesques, capables de défier le temps. Partout on ne rencontre que des constructions titaniques, des statues qui sont découpées dans le roc des montagnes, des fûts de colonnes qui ressemblent à des blocs erratiques, des pyramides qui font penser aux géants, des pylones aux hiéroglyphes mystérieux qui précèdent des temples comparables à des villes.

La grande dimension des monuments est encore enjolivée par des peintures qui ont résisté à la désintégration de plus de cinq mille ans ; les sculptures où la diorite même a été soumise aux plus capricieux dessins des artistes prouvent que la persévérance de ce peuple n’a été égalée que par son habileté. Tout cela brille, reluit, flamboie sous un soleil dont l’éclat incomparable y jette une splendeur magique ; tandis que les rayons lumineux que projette le reflet des montagnes rocailleuses, couvertes de lichens orangés ou rouges, semblent les semer d’une fine poussière d’or[1]. Mais ce qui étonne davantage, c’est la précocité avec laquelle s’est développée cette civilisation dont les ruines imposantes impressionnent encore les regards éblouis de l’Europe moderne si enflée de ses progrès, si orgueilleuse de ses œuvres comparativement chétives et mesquines. Lorsqu’il s’agit des monuments, des sculptures et des inscriptions de la cinquième dynastie, nous sommes transportés, dit Lepsius, à une époque de florissante civilisation qui a devance l’ère chrétienne de quatre mille ans. On ne saurait trop se rappeler à soi-même cette date jusqu’ici jugée incroyable[2].

Quel était l’état de l’Europe et des Européens à la même époque et même fort tard après ? Quels étaient leurs titres

  1. Voir C. Pelletan, L’Égypte, articles de la Jeune France. — E, Reclus, Géogr. universelle, etc.
  2. Rich. Lepsius, Briefe aus Ægypten und Æthiapen, p. 36.