Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épithalame destiné à célébrer cet hyménée. C’est aujourd’hui l’opinion de tous les savants de France, de Hollande, d’Angleterre et d’Allemagne. Eh bien, comment s’exprime la Sulamite ? Sum nigra, sed formosa, « Je suis noire, mais belle, dit-elle. » Et comme pour ne laisser aucun doute sur l’origine de la royale épouse, le poète lui fait dire encore : « Ô Filles de Jérusalem… ne considérez pas si je suis noire, car le soleil m’a brûlée…[1]. » Que veut-on avoir de plus positif pour qu’on se convainque de la couleur noire des anciens Égyptiens ?

Mais passons au deuxième fait historique. C’est l’émigration en masse de deux cent quarante mille soldats de l’armée égyptienne qui défilèrent en groupes compactes vers l’Éthiopie, lorsque la politique de Psaméthik Ier, roi de la dynastie saïte, sembla donner un trop grand accès aux Grecs, peuple de race blanche, que l’incompatibilité d’humeur empêchait les Rétous d’admettre dans leur société nationale. Comment expliquer la direction des Égyptiens, sinon par l’identité de race entre ces émigrants, fuyant l’élément blanc, et le peuplé sous le drapeau duquel ils sont allés se ranger d’eux-mêmes ? L’esprit de race aura été plus fort ici que l’esprit de nationalité. Rien ne me paraît plus clair. Mais ne voulant pas être désabusé, on ne s’est jamais inquiété d’expliquer ce grand fait historique, sans précédent dans les annales des nations.

Plusieurs écrivains, afin de mieux établir l’infériorité radicale de la race noire qu’on prétend incapable de rien édifier par sa propre initiative, affirment que l’Éthiopie n’a été civilisée que par cette émigration égyptienne, préalablement supposée blanche. Mais ne se rappelle-t-on jamais que, plus de cent ans avant la restauration de la dynastie saïte, Pi-ânkhi-Meri-Amoun, roi éthiopien de

  1. Cantique des Cantiques, chap I, v 1 3.