Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/411

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tirades n’empêchent point que les faits soient ce qu’ils sont ; car ils ont une ténacité proverbiale. Aujourd’hui que la science ethnographique a fait d’immenses progrès, on ne peut plus douter de la différence ethnique qui existe entre l’illustre Boudha et les peuples d’origine germanique ou même celtique.

En étudiant les populations de l’Asie méridionale, on y rencontre beaucoup de peuples noirs à cheveux crépus, semblables à de vrais Africains. Nous en avons fait la remarque dans le cours de cet ouvrage. Il n’y a donc rien d’impossible que Sakia-Mouni fût de cette race. À l’inverse de l’argumentation d’Ampère, on doit plutôt dire que toutes les analogies historiques et philosophiques nous induisent à croire que le promulgateur du boudhisme n’était pas de la race brahmanique blanche et surtout n’avait aucunement subi l’influence intellectuelle et morale du brahmanisme. En acceptant même que le célèbre Boudha ne fût pas un nègre proprement caractérisé, il faudrait au moins le classer parmi les Dravidiens, noirs à cheveux lisses de l’Inde méridionale, que tous les ethnographes placent dans la catégorie des races les plus arriérées. L’orgueil de la race caucasique n’aurait rien gagné au change.

Pour ce qui s’agit des lèvres roses et des cheveux bouclés que la tradition attribue au Boudha, il y a eu, sans nul doute, une certaine confusion dans l’esprit du savant Ampère entre la personne de Sakia-Mouni et la description vraiment fantaisiste que l’on faisait des enfants prédestinés à la dignité de boudha. Ces enfants devraient avoir le teint clair, la peau de couleur d’or ; leur tête aurait la forme d’un parasol ; leurs bras seraient démesurément longs, leur front large, leurs sourcils réunis et leur nez proéminent[1]. Mais tous les indianistes savent aujour-

  1. Burnouf, loco citato, II, 237 et 314.