Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/418

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particulière, croit ou paraît croire à l’inégalité des races humaines. Un des écrivains qui a le plus contribué à faire connaître l’œuvre de Darwin en France, Mme Clémence Royer y croit positivement. « Enfin, dit-elle, la théorie de M. Darwin, en nous donnant quelques notions un peu claires sur notre véritable origine, ne fait-elle pas, par cela même justice de tant de doctrines philosophiques, morales ou religieuses, de systèmes et d’utopies politiques dont la tendance, généreuse peut-être, mais assurément fausse, serait de réaliser une égalité impossible, nuisible et contre nature entre tous les hommes ? Rien n’est plus évident que les inégalités des diverses races humaines ; rien encore de mieux marqué que ces inégalités entre les divers individus de la même race. Les données de la théorie de sélection naturelle ne peuvent plus nous laisser douter que les races supérieures ne se soient produites successivement ; et que, par conséquent, en vertu de la loi du progrès, elles ne soient destinées à supplanter les races inférieures, en progressant encore, et non à se mélanger et à se confondre avec elles, au risque de s’absorber en elles par des croisements qui feraient baisser le niveau moyen de l’espèce. En un mot, les races humaines ne sont pas des espèces distinctes, mais ce sont des variétés bien tranchées et fort inégales ; et il faudrait réfléchir à deux fois avant de proclamer l’égalité politique et civile chez un peuple composé d’une minorité d’Indo-Européens et d’une majorité de Mongols ou de Nègres[1]. »

Mme Clémence Royer est une femme savante, mais une femme. Il y a des problèmes dont le caractère complexe ne saurait être bien étudié que par des hommes ; car eux

  1. Préface de la traduction de l’Origine des espèces, 4me édit., p. XXXVIII.