Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/464

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aspirations et aux grandes pensées, a bien le droit d’en être fière. Elle a bien le droit de se croire l’égale de toutes les autres, sans aucune fausse modestie et sans vanterie aucune. Dans ces temps-ci, où l’on voit tant de gens buvant à longs traits la honte et l’humiliation, sans une indignation virile, sans nul souci de la dignité humaine, il est bon de reposer ses regards sur cette belle conscience sereine, dévorée plus tard par la tristesse déprimante, engloutie dans le désespoir, mais planant toujours sur les hauteurs de l’idéal !

Un jeune noir qui est en ce moment à Paris, M. Emmanuel Edouard, écrit admirablement. Maniant la langue française avec un rare talent, tout ce qu’il produit est empreint d’un cachet d’originalité, de finesse et de facile élégance. Aussi peut-on le compter parmi les écrivains du plus bel avenir. Encore qu’il n’ait atteint que sa vingt-sixième année et ne soit venu en France qu’assez tard, il a déjà écrit plusieurs opuscules du plus vif intérêt. Les journaux les plus difficiles de Paris lui ouvrent leurs colonnes. Le Figaro dont la rédaction se compose d’une pépinière d’écrivains d’élite donne la meilleure preuve de l’estime qu’il fait des articles de M. Edouard, en leur accordant parfois l’honneur du premier Paris. Le fait est d’autant plus notable que le journal de M. Francis Magnard, ayant perdu quelque peu de son ancienne importance politique, est devenu, par contre, le plus littéraire des organes de la presse quotidienne de France.

Ce n’est pas seulement en prose que la plume du jeune écrivain s’exerce. Il a également essayé la lyre du poète et, là aussi, il a deviné tous les secrets de l’instrument merveilleux qui est le vers français. Toutes les pensées les plus élevées ou les plus tendres, toutes les émotions les plus délicates du cœur, joie ou tristesse, enthousiasme