homme fait louverture partout, » dit quelqu’un. De là le nom de L’Ouverture, que lui donnèrent ses soldats. »
Après avoir admis le raisonnement qui a conduit Macaulay à déclarer que Cromwell était supérieur à Napoléon, au point de vue du génie militaire, en comparant leur éducation respective et les moyens dont chacun disposait, le grand orateur américain établit le parallèle suivant entre Cromwell et Toussaint-Louverture.
« Cromwell, dit-il, n’avait jamais vu une armée avant l’âge de quarante ans ; Toussaint ne vit pas un soldat avant cinquante. Cromwell créa lui-même son armée, avec quoi ? Avec des Anglais, le meilleur sang de l’Europe, avec les classes moyennes de l’Angleterre, le meilleur sang de l’île, Et avec cela, qui parvint-t-il à vaincre ? des Anglais, ses égaux. Toussaint créa son armée, avec quoi ? Avec ce que vous appelez la race abjecte et méprisable des nègres, avilie par deux siècles d’esclavage. Cent mille d’entre eux avaient été importés dans l’île depuis quatre ans et parlaient des, dialectes distincts ; ils étaient à peine capables de s’entendre. Avec cette masse informe et dédaignée, comme vous dites, Toussaint forgea pourtant la foudre et la déchargea, sur qui ? Sur la race la plus orgueilleuse de l’Europe, les Espagnols ; et il les fit rentrer chez eux, humbles et soumis (Applaudissements) ; sur la race la plus guerrière de l’Europe, les Français, et il les terrassa à ses pieds ; sur la race la plus audacieuse de l’Europe, les Anglais, et il les jeta à la mer, sur la Jamaïque (Applaudissements). Et maintenant je le dis ; si Cromwell fut un grand capitaine, cet homme fut pour le moins un bon soldat.
« Le territoire sur lequel ces événements avaient lieu était étroit, je le sais ; il n’était pas vaste comme le continent ; mais il était aussi étendu que l’Attique qui, avec Athènes pour capitale, remplit la terre de sa renommée pendant