Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/649

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aveuglement. C’est Othello qui frappe, mais c’est l’honnête Iago qui dirige la main, en mettant en œuvre la perfidie la plus noire unie à la plus insolente effronterie. Aussi le Maure se poignarde-t-il sur le cadavre de sa victime, lorsque, désabusé, il voit toute la laideur de son action ! Cassio le juge en quelques mots : « he was great of heart », dit-il. Oui, il était grand par le cœur. Cette noblesse du cœur est ce qu’il y a de plus digne, de plus élevé dans l’homme ; et quand on en est favorisé, c’est la nature même qui vous déclare l’égal de tous les hommes.

C’est un réel bonheur de rencontrer sur sa voie les grands penseurs qui sont les éclaireurs de l’humanité. Ils vous mettent dans le cœur je ne sais quel trésor de consolation et de vive espérance ; car on sait qu’ils sont là, debout pour longtemps, ces fiers champions de la vérité et de la justice. Leur action perdurable se continue et augmente d’intensité avec l’accumulation même des siècles. Qui sait quelle sainte excitation, quel précieux encouragement un Wilberforce n’aura pas puisés dans le drame inoubliable de l’immortel Shakespeare ? C’est ainsi que se rachètent les erreurs des Bacon ; c’est ainsi que la fraternité humaine se renoue au-dessus des injustices et des protestations. Homère, Eschyle, Shakespeare étaient de vrais esprits. Leurs grandes voix s’unissent dans la propagande du bien, comme un courant dont les eaux doivent se confondre pour gagner ensemble l’océan immense, d’où n’émerge que ce qui est vrai, ce qui est grand et élevé !