Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/71

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allaient vermoulues, sous les coups redoublés de la science. Auraient-ils pu jamais mieux faire pour leur cause que de la lier aux destinées des idées nouvelles dont le courant irrésistible entraînait tout ?

D’ailleurs, à part l’influence incontestable exercée sur le mouvement scientifique par la grande question de l’abolition de l’esclavage, les deux savants que nous avons choisis comme les interprètes les plus autorisés du polygénisme français, l’un comme spécialiste, et l’autre comme vulgarisateur, étaient conduits à cette doctrine scientifique par un enchaînement d’opinions ou un héritage d’esprit qui expliquent encore mieux leur constance dans la lutte contre les unitaires.

Félix Archimède Pouchet, le père de l’auteur que nous étudions, était un de ces hommes de science à l’esprit hardi, qui aspirent surtout à dégager les phénomènes naturels de toute explication dogmatique. Jamais intention ne fut plus louable ni soutenue par une intelligence mieux organisée. Tous les efforts de la science tendent actuellement à ce but que nous voyons rayonner dans le ciel de l’avenir, comme cette colonne lumineuse qui éclairait le peuple d’Israël, marchant à la conquête de la terre promise. Mais avec combien de tâtonnements à travers les broussailles de l’erreur ! Ce savant déjà célèbre, à plus d’un titre, soutint contre l’éminent expérimentateur qui vient de couronner sa belle carrière par la découverte du virus morbique, une des polémiques scientifiques les plus intéressantes de ce siècle. Se rangeant à l’opinion de Dugès et de Burdach, Pouchet avait admis la possibilité scientifique de l’hétérogénie ou génération spontanée. Cette doctrine scientifique qui, si elle venait à être prouvée, renverserait de fond en comble toutes les traditions théologiques, en rendant inutile l’intervention d’un créateur surnaturel, remonte peut-être jusqu’à Aris-