Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/83

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nisme qu’en le dépouillant de son caractère originel[1]. »

En suivant avec attention le développement des idées de M. G. Pouchet, on sent bien que tout en s’émancipant du dogmatisme théologique, il confond involontairement les aptitudes morales des races avec leur système religieux ; c’est une méthode d’autant plus fausse que la morale, telle qu’on la conçoit à notre époque de libre pensée et de positivisme, ne relève aucunement de la religion et n’a avec elle aucune solidarité. Mais est-il vrai que certaines races, par leur constitution organique, soient plus aptes ou mieux disposées que d’autres à concevoir certaine idée religieuse ? Rien n’est plus controversable qu’une telle affirmation.

Sans aller bien loin, tous les érudits reconnaissent aujourd’hui que le monothéisme n’est pas plus naturel aux Orientaux qu’aux races occidentales. M. Jules Baissac[2] de même que M. Jules Soury[3] ont démontré que les Sémites n’ont pas toujours compris Dieu si grand que le dit notre auteur. Le peuple hébreu, lui-même, a passé par l’idolâtrie et les cultes des dieux chthoniens, avant de transformer son Javeh en ce dieu fulminant que Moïse ne pouvait regarder face à face et qui nous éblouit encore dans la poésie d’Isaïe.

Il faut bien l’avouer. Cette catégorie d’arguments offre bien peu d’avantages à ceux qui défendent la thèse du polygénisme. Aussi est-ce pourquoi Broca, plus avisé, ne les a jamais employés, encore qu’il réunit à un degré supérieur toute la souplesse d’esprit et l’habileté de dialectique qui en rendent le maniement accessible. Que M. Georges Pouchet se soit montré très faible dans toute

  1. Georges Pouchet, loco citato, p. 110
  2. Jules Baissac, Les origines de la religion.
  3. Jules Soury, Études historiques sur les religions, etc. Comparez aussi Ewald : Geschicthe des Volkes Israel.