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Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/13

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L’extrême réserve avec laquelle la nièce et l’héritière de Gustave Flaubert a toujours entouré la mémoire de son oncle illustre, et ses égards parfois trop scrupuleux pour les relations encore vivantes du maître, nous ont empêché de voir clair dans plus d’un problème qu’impliquent l’art et la vie de cet éminent écrivain. C’est avant tout la jeunesse de Flaubert qui, jusqu’ici, a été un jardin presque complètement clos au grand public. Ceci fut regrettable non pas seulement au point de vue psychologique (car d’après tout ce qui avait transpiré, ces documents devaient révéler à nu l’âme adolescente du jeune Gustave), mais encore pour la solution d’une question littéraire, à savoir comment Flaubert a pu, à son début, donner dans Madame Bovary une œuvre d’une si extraordinaire perfection.

Aussi, dès que la Villa Tanit nous eut ouvert hospitalièrement ses portes, n’avons-nous pas hésité à profiter d’une inappréciable confiance, comme seules de longues années d’amitié la peuvent donner. Madame Franklin-Grout nous a gracieusement livré ses trésors, nous permettant d’étudier n’importe quels documents, et d’explorer les cartons qui contiennent les Ouvrages de Jeunesse. Les voilà devant nos yeux ces preuves d’une adolescence ardente et déjà fanatique d’un art qui devait, plus tard, devenir son éternel supplice et son unique bonheur à la fois.

Avons-nous là tous les premiers chants de sa jeune muse, ou y en a-t-il qui ont péri ? il nous semble qu’à partir de l’année 1835 tout ce que Gustave a produit fut conservé, mais que quelques essais antérieurs, qui d’après la correspondance devaient exister, ont été perdus.