Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/14

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Parfaitement en ordre, les pages sont réunies en cahiers, avec une devise pompeuse, hyperbolique et la date précise sur la couverture ; les feuilles jaunies représentent les premiers jets, le gazouillement du matin d’un grand artiste à venir.

Voici le manuscrit le plus ancien, venu jusqu’à nous, manuscrit de dix pages, d’une orthographe souvent extraordinaire, et qui s’intitule : Mort du duc de Guise daté de septembre 1835. Est-ce un drame, est-ce un récit ? l’un et l’autre. Petite histoire ferme et simple qui respire le charme de la naïveté enfantine et l’idéalisme d’un garçon de treize ans. Il regarde de ses yeux étonnés et admirateurs son intrépide duc « qui laissait échapper parfois des marques de faiblesse comme d’autres en laissent échapper de grandeur ». Et vis-à-vis de ce duc, le lâche, le misérable roi qui l’entraîne dans un guet-apens et le fait assassiner par ses bourreaux. Combien ce petit récit ne caractérise-t-il pas déjà Flaubert : ce qui est grand, noble, digne d’admiration périt par ce qui est petit, laid et méprisable, et jusque dans les détails : le duc, la fleur du siècle, tombe mourant sur le lit du roi. (dl fallait donc que ce lit honteux, témoin des débauches du roi, vit mourir en un seul homme toute la gloire du siècle. » Déjà, à cet âge, l’attention de Gustave est attirée et frappée par les antithèses douloureuses et ironiquement tragiques de la vie. L’année suivante, 1836, nous le voyons d’abord continuer ses Opuscules historiques. Le second s’intitule : Deux mains sur une couronne ou Pendant le XVe siècle, épisodes du règne de Charles VI.

Mais avec ces pages la veine historique est