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Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/24

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lant profiter de son moi, il s’est bien aperçu qu’une vie purement intérieure et manquant totalement de faits comme la sienne, ne donnait pas matière à un roman. Donc il cesse de mêler ce qu’il appelle son lyrisme, c’est-à-dire sa personnalité, à une action. Il crée vis-à-vis de l’homme à imagination un type faisant contraste, l’homme à la vie réelle et ordinaire.

Cela donne naissance à la première Éducation sentimentale, manuscrit volumineux de plus de 300 pages dont la composition l’occupa avec des interruptions à partir de février 1843 jusqu’au janvier 1845. Ce roman n’a rien de commun avec celui qui est connu du public, sinon l’idée fondamentale qui est, certes, celle d’un roman d’éducation. Comme Flaubert lui-même l’a avoué souvent et comme ce premier ouvrage le démontre plus que le second, l’auteur s’est vaguement inspiré de Wilhelm Meister de Goethe. Cependant nous n’avons pas réussi, malgré une lecture attentive, à relever des passages presque textuels se retrouvant dans le texte allemand comme Maxime Du Camp a cru s’en apercevoir.

Avec ses deux héros Jules et Henry, le récit se divise en deux parties qui restent séparément l’une à côté de l’autre. II n’y a pas de fusion. Jules qui représente Flaubert lui-même, entre par ses occupations littéraires en rapport avec le directeur d’une troupe de théâtre qui lui promet de représenter une pièce de sa composition. En même temps il fait la connaissance d’une jeune actrice dont il tombe amoureux ; mais il n’a de succès ni dans l’art ni dans l’amour, et est doublement trompé dans ses espérances. Après ces déceptions amères qui le re