Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/23

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timents dans le courant de la vie. On attend avec impatience un événement quelconque et l’on se dit que cette vie dans son exubérance lyrique, avec son manque d’équilibre, avec ses désirs vagues, ses aspirations incertaines ne s’arrêtant à aucun objet précis, a souffert d’un horrible ennui.

Dans la seconde partie, ce récit se condense dans une sorte d’aventure. Le héros nous raconte comme il entra un jour, tout jeune homme, chez une courtisane où il perdit sa virginité. La description est ici d’une grande puissance de sentiment. La femme perdue fait des confessions curieuses sur sa vie. Il y a dans tout cela quelque chose de vécu, des allusions à un événement réel qui semble s’être passé à Marseille, et dont Flaubert fait mention dans sa Correspondance. Des lettres de cette femme se sont retrouvées parmi ses papiers, documents dont il a évidemment profité pour la composition de ces aveux de courtisane. L’aventure a été courte dans la vie comme dans le récit. Ici le héros est encore longtemps hanté par le désir de retrouver cette femme. Plus cette possibilité semble reculer, plus son imagination s’échauffe de sentiments ardents pour elle. Ensuite, conformément à cette psychologie qui recherche l’inconnu, le lointain, l’impossible, le récit nous peint la passion des voyages et tourne notre imagination vers l’Orient tel qu’il se le figure. Le héros meurt enfin de tristesse et d’ennui, sans qu’aucun organe de son corps soit malade.

Cette note extrêmement personnelle contenue dans le roman de Novembre l’auteur cherchera à la garder dans ses ouvrages suivants. Mais en vou-