Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/26

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partie nous semble plus intéressante que les autres. En effet cette histoire de Jules n’est autre que celle de Flaubert lui-même. C’est ici que nous puisons les renseignements précieux et intimes sur l’auteur qui plus tard reste insaisissable dans ses écrits.

Si nous continuons nos recherches, la source si abondante dans les premières années semble presque tarie pendant 1845—1848. Nous n’avons que le récit du voyage Par les champs et par les grèves fait en collaboration avec Maxime Du Camp. On se demande quelle est la raison de cette stérilité apparente. Peut-être les chagrins survenus pendant ce laps de temps, les morts de son père, de sa sœur, ont-ils paralysé la force créatrice de Flaubert. Ou bien y a-t-il au contraire pendant ces années une période d’extrême tension intellectuelle et de repliement sur soi-même, une recherche pénible de moules nouveaux pour sa pensée ; nous sommes tentés de le croire ; ce serait alors une longue préparation vers un effort suprême et immense, vers sa première Tentation de Saint Antoine.

C’est en 1845, pendant un voyage en Italie, que Flaubert fut profondément frappé par un tableau de Breughel représentant la Tentation de Saint Antoine. Ce tableau n’est pas au palais Doria ainsi que l’affirme Maxime Du Camp, mais dans la collection Balbi, à Gênes. L’idée lui vint immédiatement de profiter de cette forte impression en s’emparant du sujet qui l’occupa une grande partie de sa vie. Mais ce n’est qu’en 1848, peu après la mort d’Alfred Le Poittevin, qu’il se met à l’exécution de ce travail.

Tout un groupe de manuscrits nous représente les formes successives de sa pensée. Voici d’abord