Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/27

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le gros manuscrit qui porte les dates : « Mai 1848 — Septembre 1849 » avec la devise expressive et symbolique : « MM. les démons, laissez-moi donc ! MM. les démons, laissez-moi donc ! » Il renferme 541 pages dont l’auteur fit la lecture à Maxime Du Camp et à Louis Bouilhet peu avant son voyage en Orient. Comme on le sait, cette lecture eut pour résultat une critique absolument défavorable de la part des amis et le manuscrit fut mis de côté.

Cependant il fut repris en automne 1856. Cette seconde rédaction va avec la première. Elle ne donne pour ainsi dire que le texte écourté et coupé du manuscrit de 1849. N’est—il pas étrange que Flaubert, alors qu’il avait vu l’Orient, ne pensât guère à une refonte complète ou ne cherchât même pas à profiter de ses impressions de voyage ? Rien de tout cela n’est visible dans le manuscrit de 1856.

Ce n’est que dans la dernière rédaction dont le manuscrit est daté : « Juillet 1870 — 26 juin 1872 » que nous nous apercevons de changements considérables. Une copie de ce manuscrit avec de petits changements et annotations de la main de Flaubert nous donne enfin le texte définitif connu du public.

Voyons un peu le rapport de toutes ces rédactions entre elles. La dernière nous donne encore le Flaubert du début, c’est-à-dire que nous y retrouvons de longs fragments qui ont été conservés presque textuellement après avoir subi des coupures. Ce sont, pour la plupart, les visions les plus belles, tant admirées, que l’auteur a jugées dignes d’être gardées dans l’édition définitive. Mais le plan général, l’arrangement de ces visions, la gradation d’après leur valeur psychologique, la personnalité