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Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/22

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X INTRODUCTION.


Mais après cette chaîne et ces liens rompus ,
Il a repris son cœur et ne l’engage plus.
. . . . . . . . . . . ; . . . ; . . . . . . . .
Si j’expose à ses yeux l’objet le plus charmant ,
Il le regarde en juge et non pas en amant ;
Et si j’offre à ses feux quelque illustre matière ,
A son peu de chaleur il joint trop de lumière,
Il examine trop les lois de sa prison ,
Et veut joindre à l’amour un peu trop de raison.

Vénus répond à son fils en le consolant, et lui dit qu’il ne faut pas désespérer à ce point du rebelle Alcandre :

Plus ses vœux sont tardifs, plus ils seront constants,
Il diffère d’aimer pour aimer plus longtemps ,
Et sa chaîne, mon fils, qu’il traîne de la sorte ,
En sera quelque jour plus durable et plus forte;
Relève ton espoir, et choisis seulement
Une parfaite amante à ce parfait amant.

Doris sera cette amante et cette seconde épouse, Doris à la fois belle et sage, également chère à Pallas et aux Muses, mais qui ne veut avec celles-ci qu’ un commerce secret. Fléchier, dans ce portrait flatteur et qui a du ton de l’ Astrée, insiste comme il le doit sur la pudeur et la modestie qui fait le trait principal de la beauté célébrée :

Cette chaste couleur, cette divine flamme,
Au travers de ses yeux découvre sa belle âme,
Et l’on voit cet éclat qui reluit au dehors,
Gomme un rayon d’esprit qui s’épand sur le corps.

Telle Fléchier nous dépeint et nous montre à l’avance la seconde Mme de Caumartin avec laquelle il fera l’année suivante le voyage d’Auvergne, et pour qui il rédigera le récit des Grands-^ours. Ce fut très-probablement pour elle aussi, et à sa demande, que le cardinal de Retz, quelques années après, entreprit d’écrire ses incomparables Mémoires. Mme de Caumartin avait en elle le don d’inspirer, et ce charme auquel on obéit.

Ces vers français de Fléchier qui rappellent ceux de d’Urfé,