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LA FIN DU MONDE

de la terre ferme par les vagues marines ; ce serait à peine supérieur, comme intensité, à la cinquième partie de l’action continentale.

« L’ensemble des actions mécaniques paraît donc faire perdre chaque année, à la terre ferme, un volume de 12 kilomètres cubes, ce qui, pour un total de 100 millions, amènerait la destruction complète en un peu plus de huit millions d’années.

« Seulement il s’en faut de beaucoup que nous ayons épuisé l’analyse des phénomènes destructeurs de la masse continentale. L’eau n’est pas seulement un agent mécanique ; c’est aussi un instrument de dissolution, instrument beaucoup plus actif qu’on ne le croit généralement, en raison de la proportion assez notable d’acide carbonique que contiennent toutes les eaux, soit qu’elles l’empruntent à l’atmosphère, soit qu’elles en trouvent la source dans la décomposition des matières organiques du sol. Ces eaux, qui circulent à travers tous les terrains, s’y chargent de substances qu’elles enlèvent, par une véritable attaque chimique, aux minéraux des roches traversées.

« L’eau des fleuves contient, par kilomètre cube, environ 182 tonnes de substances dissoutes. L’ensemble des fleuves apporte chaque année à la mer près de cinq kilomètres cubes de substances dissoutes. Ce ne serait donc plus douze, mais bien dix-sept kilomètres cubes, que perdrait chaque année la terre ferme, sous les diverses influences qui travaillent à sa destruction. Dès lors, le total