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COMMENT LE MONDE FINIRA

que, l’altitude allant en croissant des rivages à la partie centrale des continents, un même recul devrait, avec le temps, correspondre à une plus grande perte en volume. Cette objection serait-elle bien fondée ? Non ; car le travail des pluies et des cours d’eau, tendant de lui-même, comme nous l’avons dit, vers l’aplanissement complet des surfaces, continuerait à marcher de pair avec l’action des vagues.

« D’autre part, la surface de la terre ferme étant de 145 millions de kilomètres carrés, un cercle d’égale superficie devrait avoir 6 800 kilomètres de rayon. Mais la circonférence de ce cercle n’aurait que 40 000 kilomètres, c’est-à-dire que la mer aurait, sur le pourtour, cinq fois moins de prise qu’elle n’en a actuellement, grâce aux découpures qui portent à 200 000 kilomètres la longueur des côtes. On peut donc admettre que, sur notre terre, le travail de l’érosion marine marche cinq fois plus vite que sur un cercle équivalent. À coup sûr, cette évaluation représente un maximum ; car il est logique de supposer que, les péninsules étroites une fois rongées par la mer, le rapport du périmètre à la surface diminuerait de plus en plus, ce qui rendrait l’action des vagues moins efficace. En tout cas, puisque, à raison de 3 centimètres par an, un rayon de 6 800 kilomètres est condamné à disparaître en 226 600 000 ans, le cinquième de ce chiffre, soit environ 45 millions d’années, représenterait le minimum du temps nécessaire pour la destruction