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LA FIN DU MONDE

à la rencontre de la plate-forme continentale qui s’abaisse, et dont la disparition finale se trouve accélérée d’autant.

« La mesure de ce mouvement est facile à préciser. En effet, pour une tranche donnée que perd le plateau supposé uniforme, il faut que la mer s’élève d’une quantité telle que le volume de la couche marine correspondante soit justement égal au volume de sédiments introduit, c’est-à-dire à celui de la tranche détruite. Le calcul montre que la perte en volume s’élève, en chiffres ronds, à vingt-quatre kilomètres cubes.

« — Donc nous pouvons conclure, puisque ce chiffre de 24 kilomètres cubes est contenu 4 166 666 fois dans celui de 100 millions, qui représente le volume continental, que la seule action des forces actuellement à l’œuvre, si elle se continuait sans autres mouvements du sol, suffirait pour entraîner, dans quatre millions d’années d’ici environ, la disparition totale de la terre ferme. La mer aura envahi la surface entière du globe.

« Mais cette disparition du relief continental, si elle peut préoccuper un géologue et un penseur, n’est pas un de ces événements dont nos générations aient à s’inquiéter ; ce ne sont ni nos enfants, ni nos arrière petits-enfants, qui pourront l’apprécier d’une manière sensible. Si donc, messieurs, vous voulez bien me permettre de terminer cette conférence par un mot, un peu… fantaisiste, j’ajouterai que le comble de la prévoyance serait assu-