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COMMENT LE MONDE FINIRA

rément de construire dès aujourd’hui une nouvelle arche pour pouvoir échapper aux conséquences de ce futur déluge universel. »

Telle fut la thèse savamment soutenue par le Président de la Société géologique de France. Cette exposition lente et calme des actions séculaires des agents naturels, ouvrant un avenir de quatre millions d’années aux espérances de la vie terrestre, avait eu pour résultat de détendre les nerfs surexcités par les appréhensions cométaires. L’assistance était merveilleusement calmée. À peine l’orateur fut-il descendu de la tribune et eut-il reçu les éloges de ses collègues, que des conversations animées s’échangèrent entre les groupes. Un air d’apaisement moral venait de passer à travers tous les cerveaux. On causait de la fin du monde comme de la chute d’un gouvernement ou de l’arrivée des hirondelles, sans passion, avec une indifférence complètement désintéressée. Un événement, même fatal, reculé à quarante mille siècles, ne nous touche vraiment plus du tout.

Mais le Secrétaire général de l’Académie météorologique venait de monter à la tribune, et tout le monde lui prêta aussitôt la plus sympathique attention.

« Mesdames, messieurs,

« Je vais exposer devant vous une théorie diamétralement opposée à celle de mon cher et