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LA FIN DU MONDE

éminent collègue de l’Institut, et appuyée sur des faits d’observation non moins précis et une méthode de raisonnement non moins rigoureuse.

« Oui, messieurs, diamétralement opposée… »

L’orateur, doué d’une excellente vue, s’aperçut que toutes les figures s’assombrissaient.

« … Oh ! fit-il, opposée, non pour le temps que la nature réserve à la vie de l’humanité, mais pour la manière dont le monde finira ; car, moi aussi, je crois à un avenir de plusieurs millions d’années.

« Seulement, au lieu de voir la terre continentale destinée à disparaître sous l’envahissement graduel des eaux et finir par être entièrement submergée, je la vois au contraire destinée à mourir de sécheresse.

« J’aurais pu objecter aux études qui précèdent le fait que, en bien des points, ce n’est pas la mer qui gagne sur la terre, mais au contraire le sol qui empiète sur l’élément liquide, ici par les sables, les dunes, les cordons littoraux, là par les apports des fleuves, les deltas, les atterrissements. Mais je ne veux pas ouvrir entre l’action contraire comparée de la mer et de la terre une discussion qui pourrait nous entraîner trop loin ; je veux seulement appeler l’attention de l’auditoire sur un fait géologique fort intéressant, c’est que la quantité d’eau qui existe sur le globe diminue graduellement de siècle en siècle. Un jour il n’y aura plus de mers, plus de nuages, plus de pluies, plus de sources, plus d’eau, et la vie végétale comme la