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LA FIN DU MONDE

puisque la colline de Passy à Montmartre et au Père-Lachaise, le plateau de Montrouge au Panthéon et à Villejuif et le massif du Mont-Valérien étaient seuls émergés au-dessus de l’immense nappe liquide. Les altitudes de ces plateaux n’ont pas augmenté, il n’y a pas eu de soulèvements ; mais l’eau a diminué. Voici, du reste, ajouta l’orateur en projetant une carte sur le grand tableau du fond de l’amphithéâtre, voici quelle était la Seine dans la région de Paris aux temps préhistoriques.

« Une quantité d’eau, très faible, il est vrai, relativement à l’ensemble, mais non négligeable, pénètre à travers les profondeurs du sol, soit au-dessous du bassin des mers, par les crevasses, les fissures, les ouvertures dues aux dislocations et aux éruptions sous-marines, soit en pleine terre ferme, car toute l’eau des pluies ne rencontre pas en imbibant le sol une couche d’argile imperméable. En général, l’eau de pluie retourne à la mer par les sources, les ruisseaux, les rivières et les fleuves ; mais il faut pour cela qu’elle rencontre un lit de terre glaise et qu’elle y coule, suivant les pentes. Lorsqu’il n’y a pas de couche imperméable, elle continue de descendre par infiltration dans l’écorce poreuse du globe et vient saturer les roches profondes. C’est ce qu’on appelle l’eau de carrière.

« Cette eau-là est perdue pour la circulation. Elle se combine chimiquement et constitue des hydrates. Si la descente est assez profonde, l’eau