Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
COMMENT LE MONDE FINIRA

vents, dirige les pluies, régit la féconde circulation des eaux ; c’est grâce à la lumière et à la chaleur solaires que les plantes s’assimilent le charbon contenu dans l’acide carbonique de l’air : pour séparer l’oxygène du carbone et retenir celui-ci, la plante effectue un immense travail ; la fraîcheur des forêts a pour cause cette conversion de la chaleur solaire en travail végétal, jointe à l’ombre des arbres au puissant feuillage ; le bois qui nous chauffe dans l’âtre ne fait que rendre la chaleur solaire emmagasinée, et, lorsque nous brûlons du gaz ou de la houille, nous remettons aujourd’hui en liberté les rayons du soleil emprisonnés depuis des millions d’années dans les forêts de l’époque primaire. L’électricité elle-même n’est que la transformation du travail dont le Soleil est la source première. C’est donc le Soleil qui murmure dans la source, qui souffle dans le vent, qui gémit dans la tempête, qui fleurit dans la rose, qui gazouille dans le rossignol, qui étincelle dans l’éclair, qui tonne dans l’orage, qui chante ou qui gronde dans toutes les symphonies de la nature.

« Ainsi, la chaleur solaire se transforme en courants d’air ou d’eau, en puissance expansive des gaz et des vapeurs, en électricité, en bois, en fleurs, en fruits, en force musculaire ; aussi longtemps que cet astre brillant pourra nous fournir une chaleur suffisante, la durée du monde et de la vie est assurée.

« La chaleur du Soleil a très probablement pour