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LA FIN DU MONDE

« M. le Directeur de l’Observatoire a dit qu’il ne croyait pas aux premières fins, et que, pour lui, la rencontre de la comète sera à peu près inoffensive. Je suis absolument du même avis, et je désire ajouter maintenant qu’après avoir attentivement écouté les très savantes dissertations de mes éminents collègues, je ne crois pas non plus aux trois autres.

« Mesdames, continua l’astronome colombien, vous savez comme nous que rien n’est éternel… Tout change au sein de l’immense nature. Les bourgeons du printemps s’épanouissent en fleurs, les fleurs se transforment en fruits, les générations se succèdent et la vie accomplit son œuvre. Le monde où nous sommes finira donc, de même qu’il a commencé. Mais, à mon avis du moins, ce n’est ni la comète, ni l’eau, ni l’absence d’eau qui amèneront son agonie. Le problème gît tout entier, me semble-t-il, dans le dernier mot de l’allocution si remarquable qui vient d’être prononcée par notre gracieuse collègue Mademoiselle la chéfesse du bureau des Calculs.

« Oui, le SOLEIL, tout est là.

« La vie terrestre est suspendue aux rayons du Soleil. Que dis-je ? elle n’est qu’une transformation de la chaleur solaire. C’est le Soleil qui entretient l’eau à l’état liquide et l’air à l’état gazeux ; sans lui tout serait solide et mort ; c’est lui qui vaporise l’eau des mers, des lacs, des fleuves, des terres humides, forme les nuages, donne naissance aux