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COMMENT LE MONDE FINIRA

végétale et animale se resserrera de plus en plus vers l’équateur terrestre. Quand cette circulation aura cessé, la brillante photosphère sera remplacée par une croûte opaque et obscure qui supprimera toute radiation lumineuse. Le Soleil deviendra un boulet rouge sombre, puis un boulet noir, et la nuit sera éternelle. La Lune, qui ne brille que par la lumière solaire réfléchie, n’éclairera plus les nuits solitaires. Notre planète ne recevra plus que la lumière des étoiles. La chaleur solaire étant éteinte, l’atmosphère demeurera en un calme absolu, sans qu’aucun vent puisse souffler d’aucune direction. Si les mers existent encore, elles seront solidifiées par le froid ; aucune évaporation ne viendra former de nuages, aucune pluie ne tombera plus, aucune source ne coulera plus. Peut-être les derniers spasmes d’un flambeau à l’agonie, comme on le voit dans les étoiles prêtes à s’éteindre, peut-être un développement accidentel de chaleur, dû à quelque affaissement de la croûte solaire, réveilleront-ils un instant le vieux soleil des anciens jours, mais ce ne seraient encore là que les symptômes de la fin dernière.

« Et la Terre, boulet noir, cimetière glacé, continuera de tourner autour du Soleil noir, et de voguer dans la nuit infinie, emportée avec tout le système solaire dans l’abîme immense. C’est l’extinction du Soleil qui aura amené la mort de la Terre… dans une vingtaine de millions d’années, ou même plus tard… le double, peut-être. »