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LA FIN DU MONDE

L’orateur s’arrêta, et se préparait à descendre de la tribune, quand le Directeur des Beaux-Arts demanda la parole :

« Messieurs, dit-il de sa place, si j’ai bien compris, la fin du monde arrivera probablement par le froid, et seulement dans plusieurs millions d’années. Si donc un peintre devait représenter la dernière scène, il devrait couvrir la Terre de glaciers et de squelettes…

— Pas précisément, répliqua le Chancelier colombien. Ce n’est pas le froid qui est la cause première des glaciers, c’est… la chaleur.

« Si le Soleil n’évaporait pas l’eau des mers, aucun nuage ne se produirait et, sans l’astre du jour, il n’y aurait non plus aucune sorte de vent. Pour fabriquer des glaciers, il faut d’abord un soleil qui vaporise l’eau et la transporte à l’état de nuage, et ensuite un condenseur. Vous savez que chaque kilogramme de vapeur produite représente une quantité de chaleur solaire suffisante pour élever 5 kilogrammes de fonte de fer à son point de fusion (1 110 degrés) ! En affaiblissant suffisamment l’action du Soleil, nous tarissons la source des glaciers.

« Ainsi, ce n’est ni de la neige, ni des glaciers qui enseveliront la Terre ; mais ce qui restera de la mer sera gelé, il n’y aura plus depuis longtemps ni fleuves ni rivières, et tout mouvement atmosphérique sera arrêté.

« À moins pourtant que le Soleil n’ait subi,