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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/16

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LA FIN DU MONDE

matées à la raréfaction de l’atmosphère. Les premières avaient rapidement succombé. Mais la science et l’industrie étaient parvenues à tempérer les rigueurs du froid en emmagasinant les rayons du Soleil, et l’acclimatement s’était fait graduellement, aussi bien que dans les temps anciens à Quito et à Bogota, où l’on voyait, dès le dix-huitième ou le dix-neuvième siècle, des populations heureuses vivre dans l’abondance, de jeunes femmes danser sans fatigue des nuits entières, à une altitude où les ascensionnistes du Mont-Blanc, en Europe, pouvaient à peine faire quelques pas sans manquer de respiration. Une petite colonie astronomique s’était progressivement installée sur les flancs de l’Himalaya, et l’Observatoire avait acquis par ses travaux et par ses découvertes l’honneur d’être considéré comme le premier du monde. Son principal instrument était le fameux équatorial de cent mètres de foyer à l’aide duquel on était parvenu enfin à déchiffrer les signaux hiéroglyphiques adressés inutilement à la Terre depuis plusieurs milliers d’années par les habitants de la planète Mars.

Tandis que les astronomes européens discutaient sur l’orbite de la nouvelle comète et constataient que vraiment cette orbite devait passer par notre planète et que les deux corps se rencontreraient dans l’espace, l’observatoire himalayen avait envoyé un nouveau phonogramme :

« La comète va devenir visible à l’œil nu. Toujours verdâtre. Elle se dirige vers la Terre. »